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Expression faciale : comment reconnaître la douleur ?

Souhaitez-vous comprendre les signaux subtils que votre cheval vous envoie ?

Il peut être difficile de voir lorsqu’un cheval a mal, que l’on soit professionnel ou particulier. C’est la raison pour laquelle de nombreux chevaux présentent des comportements jugés « indésirables » alors qu’ils sont en réalité en état de douleur et que ces comportements sont une manière d’exprimer cette souffrance. La reconnaissance de la douleur chez les chevaux et les autres animaux est donc primordiale d’un point de vue médical, éthique, de performance et de bien-être.

En 2015, une équipe de chercheurs a développé et évalué des méthodes systématiques pour identifier différents niveaux de douleur équine. Les changements subtils dans les expressions faciales font partie des indicateurs les plus prometteurs et les plus sensibles de la douleur équine. Ils sont aussi appelés le « visage de la douleur » (Equine Pain Face) et font aujourd’hui partie intégrante de l’échelle comportementale de la douleur équine.

Les chercheurs ont mis 6 chevaux adultes dans les conditions suivantes :

  • Les chevaux ont participé à deux essais de contrôle sans douleur ;
  • Les chevaux ont reçu deux stimuli nocifs deux fois, une fois avec et une fois sans la présence d’un observateur.

Au cours de toutes les séances, leur état de douleur a été noté. Les chevaux ont été filmés et les enregistrements vidéo en gros plan des têtes ont été analysés pour les changements de comportement et des expressions faciales.

Les résultats étaient les suivants :

Oreilles asymétriques/basseLa distance entre les bases des oreilles augmentait lors des inductions douloureuses car les oreilles avaient tendance à tomber sur les côtés et à se tourner légèrement vers l’extérieur. Pendant les séances de douleur, les chevaux ont passé beaucoup plus de temps avec des oreilles en mouvement « asymétrique » et/ou « bas » et moins de temps avec des oreilles attentives et des oreilles vers l’avant
Oeil inclinéLors d’un stimulus nocif, les muscles autour de l’œil s’étiraient, ce qui donnait à la paupière supérieure un aspect angulaire très distinctif. Cela peut rendre la sclère (blanc de l’œil) plus évidente dans le canthus médial (angle interne de l’œil)
Regard renfermé et tenduLe regard devenait retiré et intense lors de l’induction de la douleur
Naseaux en forme de carréLes naseaux se dilataient lors d’un stimulus nocif et passaient d’une forme allongée normale à un carré aux bords plus marqués. Cela était particulièrement visible dans la partie médiale des narines et lors de l’inspiration
Commissures tenduesL’augmentation du tonus des lèvres et de la tension du menton pendant le stimulus de la douleur entraînait une forme plus tranchante des commissures
Tension des muscles de la joueLes muscles de la joue devenaient plus marqués (m. zygomaticusm. caninus, m. masseter)
(a) Expression faciale d’un cheval sans douleur, détendu et attentif. (b) Expression faciale d’un cheval souffrant, comprenant toutes les caractéristiques du visage douloureux, y compris les oreilles asymétriques. (c) Expression faciale d’un cheval souffrant, comprenant toutes les caractéristiques du visage douloureux, y compris les oreilles basses.

Pouvoir identifier un état douloureux chez un cheval est pertinent pour tous ceux qui montent ou manipulent des chevaux. À mon sens, c’est aussi une question fondamentale d’attitude éthique qui accompagne la responsabilité d’un cavalier ou d’un propriétaire de cheval. Certains chevaux peuvent présenter des comportements indésirables ou dangereux, comme le fait de se cabrer, car ils n’ont pas d’autre moyen de s’exprimer. Dans ces cas, il est vraiment important d’identifier si le comportement est lié à la douleur. Non seulement parce que tout le reste serait contraire à l’éthique, mais aussi parce que tout le reste peut être dangereux.

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