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Le Join-Up : une technique à proscrire ?

Le Join-Up a pour objectif d’amener le cheval à se rapprocher de l’entraîneur et à le suivre. La plupart du temps le Join-Up est pratiqué dans un rond de longe, mais il peut aussi bien se faire dans n’importe quel espace, du moment qu’il soit petit (un paddock par exemple).

Quand le Join-Up est utilisé, l’entraîneur se positionne au milieu de l’espace en question (rond de longe, paddock, etc.) et chasse le cheval, en ajoutant de la pression et en l’enlevant lorsque le cheval se rapproche ou montre de l’intérêt pour lui. Régulièrement, les entraîneurs utilisent cette technique quand le cheval se « déconnecte » pendant le travail en liberté.

Beaucoup de professionnels en équitation éthologique soutiennent que le Join-Up leur permettrait de communiquer avec les chevaux en imitant leur langage corporel. Est-ce vraiment le cas ?

Le Join-Up permet-il de mimer le comportement du cheval ?

En 2008, une équipe de chercheurs s’est penchée sur la question, à savoir si ces méthodes sont vraiment basées sur le langage corporel du cheval. Cette étude a été menée sur 6 dyades jument-jeune-cheval. Ces dyades ont été présentées les unes aux autres et ont été observées dans un rond de longe pendant 8 minutes. Les résultats sont les suivants :

  • Les chevaux ont passé significativement plus de temps à plus de 10 m l’un de l’autre. Plutôt que de se rapprocher avec le temps, plus les chevaux passaient de temps dans le rond de longe, plus la distance entre eux augmentait ;
  • Les juments occupaient le centre du rond de longe (comme le ferait un entraîneur) et ont chassé les jeunes chevaux uniquement pendant 0,73 % du temps. Les jeunes chevaux n’ont effectué que des approches investigatrices et ont montré des signaux d’apaisement (abaissement de tête, mâchouillement, etc.).

Ces résultats remettent alors en question la pertinence éthologique des réponses des chevaux communément décrites dans le Join-Up. Le Join-Up est une forme de renforcement négatif, il sert les intérêts humains et n’imite pas le langage corporel du cheval. Il s’agit d’une interprétation populaire. Les juments dans cette étude n’ont pas renforcé les poulains pour être restés proches d’elles, au contraire.

Qu’en est-il du consentement ou de la vraie liberté ?

Le Join-Up est de moins en moins utilisé dans les méthodes d’entraînement des chevaux, cependant on voit souvent les premiers pas en liberté se faire par un système de confort / inconfort similaire au Join-Up.

Les entraîneurs disent mettre de l’inconfort quand le cheval n’est pas près d’eux, il est donc chassé, et les entraîneurs arrêtent toutes pressions quand le cheval se rapproche d’eux. Le cheval apprend alors par renforcement négatif qu’il est préférable d’être proche de l’entraîneur sous peine d’avoir peur ou d’avoir mal.

Peut-on vraiment appeler cela de la liberté ? Le cheval n’a pas d’autre choix que d’être proche de l’entraîneur, il n’est pas libre à mon sens.

Le cheval au quotidien, surtout en travail en liberté, devrait avoir le choix de nous dire s’il ne veut plus être avec nous. Et à ce moment là, on devrait nous-mêmes se poser les bonnes questions : est-ce que mes demandes sont justes ? est-ce que la séance est trop longue ? est-ce que les exercices demandés sont assez intéressants ? comment pourrais-je mieux construire ma séance ?

Si nous sommes bons, le cheval devrait naturellement avoir envie de rester à nos côtés et de continuer la séance avec nous. Un cheval qui nous fuit ou qui se déconnecte nous apprend beaucoup de choses sur la manière dont il perçoit ce que nous lui demandons.

Quand je conseille des binômes cheval-humain, les binômes sont mis en liberté assez rapidement. D’une part pour ne pas que le cheval associe les exercices avec les outils de communication (licol, stick, cible, etc.) et d’autre part parce qu’il est important de juger la manière dont le cheval se sent. Il y a généralement que très peu de déconnections et aucun système de confort / inconfort n’est mis en place. Le cheval a le choix de partir, et s’il décide de le faire, nous nous questionnons alors sur comment améliorer la relation pour qu’il reste avec nous.

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