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Dans notre quotidien, sur les réseaux sociaux, nous entendons de plus en plus parler d’éthique. « Faire les choses selon notre éthique », « Ce que tu fais n’est pas éthique » … Il existe effectivement différentes façons de percevoir les animaux dans un environnement géré par l’Homme. Mais de quoi parle-t-on vraiment ? Et comment l’éthique peut-elle influencer notre rapport à l’équitation ?
A la base, la notion d’éthique n’est pas étudiée dans l’enseignement des sciences animales et de l’entraînement des animaux. Néanmoins, la science n’est pas en mesure de répondre à toutes les questions que les Hommes se posent autour des animaux. Nous avons besoin à la fois de la science et de l’éthique pour résoudre les challenges du travail avec les animaux.
Qu’est ce que l’éthique ?
L’éthique est un ensemble de normes utilisées dans les interactions sociales quotidiennes et inscrites dans des codes de pratique juridiques ou professionnels, des textes religieux, des contes populaires, de la littérature et de la philosophie. Par exemple : ce n’est pas éthique de tuer, de voler, de commettre un adultère, etc.
Autrement dit, l’éthique se définit comme les règles par lesquelles nous vivons lorsque personne ne nous regarde. L’éthique nous permet de juger les actions et fait partie des critères pour déterminer la responsabilité et la justice.
Il existe différentes dimensions de l’éthique dans les sciences animales :
- Ethique personnelle : choix diététiques (par exemple, végétarisme), possession d’animaux, style de vie de famille…
- Ethique professionnelle : les exigences éthiques de la recherche animale…
- Ethique du consensus social : responsabilité sociale, acceptabilité sociale de l’agriculture animale et des pratiques…
Quelque chose est éthique …
- Quand un jugement de valeur doit être fait pour savoir si une action est : bonne / mauvaise, vrai / faux, digne / indigne.
- Quand un problème peut être considéré comme ayant un impact sur les autres. Par exemple, la façon dont nous traitons les animaux.
Il n’existe pas de chevaux irrespectueux. Il existe cependant des chevaux à qui nous n’avons pas donné lNous avons tous un point de vue différent concernant les animaux. En effet, l’éthique est influencée par nos valeurs et nos convictions morales. Tout le monde a des valeurs et morales différentes. Elles proviennent de notre éducation personnelle ou du conditionnement qu’on a inconsciemment subi. Il est donc souvent difficile de savoir ce qui peut être « socialement acceptable » .
Différentes approches philosophiques pour les animaux
L’éthique des vertus souligne le fait qu’une action soit acceptable si celle-ci est effectuée par une personne vertueuse “good people treat animals well” . Cette forme d’éthique se concentre sur l’agent, celui qui agit. Nous pouvons prendre comme exemple ces entraineurs, que nous osons rarement remettre en question de part leur statut, expériences ou personnalité.
Le déontologisme met l’importance sur le respect des normes morales et qu’une action soit respectable si elle respecte ces dernières. Les abolitionnistes sont déontologues et ils prônent l’abolition de l’utilisation animale et considèrent que le problème vient du fait que les animaux soient considérés comme des marchandises. Il est vrai que l’ensemble de notre système est basé sur l’appropriation des animaux que l’on peut acheter et vendre. Morts ou vifs.
Le conséquentialisme envisage les conséquences de l’action et pense qu’elles doivent promouvoir certaines valeurs morales. “Maximize aggregate happiness” , dans ce cas, il s’agit de repenser à la manière dont nous exploitons et utilisons les animaux afin d’améliorer leur bien-être.
Abolitionnistes également appelés déontologues
Les animaux ont des droits moraux. Lorsque des individus ont des droits moraux, nous ne pouvons pas les traiter comme un moyen d’atteindre nos objectifs.
La base philosophique sous-jacente est celle-ci : Si vous avez des droits, nous ne pouvons pas justifier de vous nuire simplement parce que les avantages que nous en tirons l’emportent sur les inconvénients. De plus, certains animaux ont une vie mentale semblable à celle de certains humains. Donc, si nous reconnaissons les droits de tous les êtres humains, nous devrions reconnaître les droits de ces animaux. Pour ces animaux, nous ne pouvons pas justifier de les blesser simplement parce que les avantages que nous en tirons sont plus importants que les inconvénients.
Cette philosophie éthique vient en opposition à beaucoup ou à la plupart des utilisations traditionnelles des animaux comme : consommer des sous-produits animaux (lait et œufs), programmes d’élevage en captivité d’espèces menacées, possession d’un animal.
Dans le monde équestre, cette philosophie éthique peut s’apparenter aux personnes qui prônent l’abolition formelle de certains outils ou de certaines théories de l’apprentissage.
Domination humaine
Nous avons la domination sur les animaux. Ils n’ont de valeur qu’en tant que moyen d’atteindre nos objectifs.
La base philosophique sous-jacente est celle-ci : Les animaux n’ont aucun statut moral, car ils manquent de conscience, y compris de conscience de la douleur. Il n’y a pas de problème moral avec notre façon de traiter les animaux. Aucun traitement des animaux ne peut être jugé immoral, sauf en raison de ses effets indirects sur l’homme.
Il s’agit ici que tout ce qui implique des animaux soit autorisé, y compris : combat de coqs, cirques, rodéos, corrida, blessures d’animaux pour les films, chasse aux animaux exotiques confinés.
En équitation, la domination humaine peut se retrouver dans de nombreuses pratiques notamment l’utilisation d’enrênements ou d’outils sujets à blesser, la soumission du cheval ( « montre lui qui est le chef » , « ton cheval se fiche de toi, fais toi respecter » ) …
Welfarists également appelés conséquentialistes
Nous sommes des gardiens d’animaux. Leurs vies et leurs expériences ont une valeur intrinsèque, mais il nous appartient de décider comment améliorer leur bien-être en utilisant les animaux de différentes manières.
La base philosophique sous-jacente est celle-ci : Nous avons l’obligation morale d’équilibrer les avantages et les inconvénients pour déterminer le choix final de nos actions. Le bon choix est déterminé par la quantité de bien-être produit ou de préjudice évité en conséquence. Aucun acte moral n’est intrinsèquement faux. Si un animal peut souffrir, nous avons l’obligation de mettre cette souffrance en balance avec les avantages de toute utilisation qu’on peut faire de l’animal. Nous devrions utiliser des animaux tel que les avantages pour nous sont supérieurs à ce que ça leur coûte (blessure, stress, tension…), mais nous devrions éliminer les souffrances inutiles des animaux.
Diverses utilisations traditionnelles des animaux sont autorisées, à condition qu’elles servent des fins non triviales et qu’elles soient menées de manière à éliminer les souffrances inutiles des animaux : recherche médicale, abattoir d’animaux sans cruauté, chasse – du moins pour prévenir la surpopulation de la faune.
Personnellement, j’aime cette philosophie puisqu’il s’agit de poser le pour et le contre pour chaque pratique. La question n’est plus quoi mais comment : comment un outil est utilisé, comment le cheval est traité. Les conséquentialistes sont généralement des personnes raisonnées, scientifiques, bien informées et qui travaillent avec le système actuel.
Finalement, que devez-vous retenir ?
Même si cet article détaille les trois grands courants de la philosophie éthique autour des animaux, il existe autant d’éthiques qu’il existe d’Hommes sur Terre. Chaque personne a des choses qui lui tiennent plus à coeur que d’autres. Il est presque impossible d’être en accord avec l’éthique de tout le monde. C’est normal et personne n’a jamais dit qu’il fallait accepter ce que pensent les Autres. Je pense, néanmoins, que nous pouvons tous faire un effort pour comprendre le fonctionnement de chacun et ressortir enrichi de chaque échange. Un bon exercice serait de, à partir de la même situation, essayer de voir les choses selon les trois types de philosophies éthiques afin de mieux comprendre comment l’Autre peut percevoir et appréhender le monde animal.
Il me paraît important de prendre conscience de ce qui est important pour nous, de ce qui régit notre éthique et de comment nous la partageons au quotidien (à travers des textes ou des discussions). Cette prise de conscience nous permet de vérifier si l’on agit bien selon notre éthique, si nous sommes en cohérence : est ce que je fais ce que je dis, est ce que je pense ce que je dis ?
Lorsque nous nous exprimons, posons nous les questions :
- Comment être sûr que ce que je dis est la Vérité ? A partir de quoi mon discours s’appuie ? Comment approfondir mon argumentaire (articles scientifiques, expériences/témoignages, cours…) ?
- Comment être sûr que ce que l’Autre dit est la Vérité ? Sur quoi son discours s’appuie t il ? (y compris les « référents » en équitation)
- Comment puis je voir les choses autrement ?