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Mise au paddock : diminution des blessures et accidents ?

Souhaitez-vous comprendre les signaux subtils que votre cheval vous envoie ?

Les chevaux sont des animaux grégaires. A l’état naturel, peu de périodes d’isolation ont été observées (Waring et al., 2003). Pourtant, de nombreux chevaux sont isolés des autres la majorité du temps (Bachmann and Stauffacher, 2002 ; Søndergaard et al., 2004). Les propriétaires craignent qu’ils se blessent lors de rencontres agressives avec d’autres congénères (Hartmann et al., 2009 ; McDonnell et Haviland, 1995). Que disent les études scientifiques à ce sujet ? Faut-il vraiment enfermer nos chevaux pour limiter les blessures ?

Un risque de blessures au paddock sur-évalué par les propriétaires et détenteurs

L’hébergement individuel se justifie par différents arguments, notamment par le risque de blessures plus important quand les chevaux sont ensemble en liberté (Mejdell et al., 2010). Cependant d’autres études scientifiques ont indiqué que les blessures causées lors des interactions dans des groupes stables de chevaux n’était pas le problème (Grogan and McDonnell, 2005 ; Jørgensen et al., 2009 ; Lehmann et al., 2006).

En effet, dans des conditions naturelles, les blessures graves dues à des rencontres agressives se font rares, et ce même dans les groupes de mâles célibataires ou lors de rencontres entre étalons familiaux (Feh, 2005 ; Tilson et al., 1988). L’agression physique impliquerait effectivement des coûts énergétiques, augmenterait le risque de blessures et serait connue pour diminuer le succès de la reproduction, en réduisant les taux de conception et en augmentant les taux de mortalité fœtale et poulain (Berger, 1986 ; Linklater et al., 1999).

D’après l’étude de Grogan and McDonnel en 2005, de faibles niveaux de blessures seraient également signalés chez les chevaux domestiques dans des conditions semi-naturelles (par exemple, hébergés dans des groupes sociaux disposant de pâture suffisamment spacieuses et de points d’alimentation / d’abreuvement suffisants).

Par conséquent, les formes d’agression légères, basées sur des signaux de communication subtils et des parades ritualisées, est rendue possible dans les populations naturelles de chevaux grâce à la stabilité du groupe, à la hiérarchie et à l’apprentissage des compétences sociales appropriées par les jeunes chevaux.

Le manque d’expérience sociale des jeunes chevaux, facteur de risque important

D’après des études réalisées sur différentes espèces d’animaux (Bøe and Færevik, 2003 ; Olsson et al., 1999 ; Veissier et al., 1994), le manque d’expérience sociale des jeunes animaux pourrait impacter le comportement social des animaux adultes.

Les jeunes chevaux hébergés en groupe seraient moins agressifs et seraient beaucoup plus sociaux envers leurs congénères contrairement aux chevaux dépourvus de contacts sociaux lorsqu’ils étaient poulains (Christensen et al., 2002). Priver les poulains de relations sociales pourrait alors rendre la vie en groupe difficile une fois devenus adultes.

Effectivement, la privation sociale conduit à des formes d’agressivité lorsque les chevaux sont à nouveau confrontés à des congénères, et mènent également des comportements indésirables au travail comme mordre, donner des coups de postérieurs aux humains pendant les séances, etc. (Rivera et al., 2002 ; Sondergaard et Halekoh, 2003).

Les autres bénéfices de sortir son cheval au paddock

Sur le travail

Les jeunes chevaux hébergés en groupe s’adapteraient plus facilement aux premières séances de travail et seraient plus coopératifs (Søndergaard and Ladewig, 2004 ; Rivera et al., 2002). En centre équestre, les chevaux d’école hébergés en groupe pendant la journée seraient moins réactifs ce qui, selon les auteurs, aurait des conséquences potentiellement positives pour la sécurité humaine (Lesimple et al., 2011).

Sur développement musculo-squelettique

L’hébergement en groupe favoriseraient sans surprise le mouvement, ce qui a été associé à l’amélioration du développement musculo-squelettique (Lepeule et al., 2009 ; Van Weeren et al., 2010). L’exercice semblerait alors indispensable au développement du squelette et à la qualité des os. Même les chevaux de compétition peuvent être maintenu en permanence dans des groupes sans conséquences négatives sur leurs performances (Arnemann, 2005)

Sur les stéréotypies

Des études scientifiques ont également confirmé que le confinement et le manque de contacts sociaux chez les chevaux seraient associés au développement de stéréotypies, notamment le tic à l’ours (Bachmann et al., 2003 ; Cooper and Albentosa, 2005 ; Henderson, 2007). L’étude de McAfee et al. en 2002 a d’ailleurs montré qu’installer un miroir ou une affiche d’un cheval dans le box diminueraient la fréquence d’apparition de cette stéréotypie.

Sur le système digestif

L’hébergement en box augmenterait les risques d’impaction, c’est-à-dire, les bouchons dans l’intestin provoquant des coliques. Effectivement, d’après une étude de Williams et al. en 2011, la motilité du gros intestin évaluée par échographie était significativement réduite chez les chevaux en écurie par rapport aux chevaux hébergés en pâture.

Sans entrer dans les détails dans cet article, les modes de gestion avec les chevaux hébergés en box sont souvent associés avec une alimentation monotone, trop concentrée et rapidement ingérée. Les chevaux passent généralement moins de temps à s’alimenter et le risque de développer des ulcères ou des stéréotypies sont élevés (comme le tic à l’appui).

Finalement, que devez-vous retenir ?

Il y a de nombreuses idées reçues sur les sorties au paddock et les études scientifiques montrent que nous avons tout intérêt à permettre à nos chevaux d’être en extérieur (avec leurs congénères) le plus possible, qu’il s’agisse de chevaux de loisir ou bien même de chevaux de sport. Il en va de leur bien-être, mais aussi de leurs performances et de notre sécurité au quotidien.

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