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Pourquoi les chevaux deviennent agressifs ?

Les chevaux peuvent développer des comportements agressifs envers les autres chevaux et envers les humains. Ces comportements sont des signaux qu’ils utilisent pour communiquer. Veulent-ils simplement nous faire savoir qu’ils ne sont pas à l’aise avec une situation ou nous montrer qu’ils sont en état de mal-être ?

Qu’est-ce que la communication ?

La communication peut se définir comme étant le transfert d’un signal d’un individu à l’autre. L’objectif est qu’il y ait un changement de comportement du récepteur du signal. Il existe plusieurs types de signaux :

  • Signaux beaucoup plus discrets (par exemple : crottin)
  • Mise en place de signaux gradués (par exemple : augmentation des signes de menace)
  • Signaux exacerbés (par exemple : se cabrer)

Les chevaux étant une proie, il va privilégier les signaux discrets car les signaux exacerbés peuvent attirer l’attention des prédateurs en conditions naturelles.

Les signaux peuvent être de types différents : auditifs, olfactifs, visuels ou encore tactiles. Dans cet article de blog, nous discuterons uniquement des signaux visuels qui sont le plus souvent associés à l’agression.

Qu’est-ce que l’agression ?

« Agression » est un terme générique désignant de nombreux comportements différents que les chevaux utilisent pour réaliser l’une des trois choses suivantes : échapper à une situation dangereuse, protéger une ressource importante ou créer une distance avec un autre individu. Autrement dit, l’agression fait partie du répertoire comportemental du cheval. L’agressivité est donc une communication complexe basée sur un large éventail de comportements d’intensité variable.

Il est important de souligner ici que les recherches scientifiques n’ont trouvé aucune corrélation entre agressivité, domination ou leadership : les chevaux les plus agressifs ne sont pas nécessairement ceux qui ont le premier accès aux ressources, et ceux qui initient le mouvement dans le groupe ne sont pas forcément les plus dominants.

Dans des conditions naturelles et des groupes familiaux stables, les niveaux d’agressivité entre les chevaux sont très faibles. La cohésion sociale se maintient au sein du troupeau grâce à des interactions amicales et à des réponses d’évitement. En d’autres termes, les chevaux gardent la paix en gardant leurs distances.

Les niveaux d’agression

Les chevaux vont mettre en place des signaux, aussi appelés signaux d’apaisement, signaux d’augmentation de distance et signaux de menace (voir livre Calming Signals of Horses), afin de faire savoir à leur congénère (ou à leur humain) qu’ils ne sont pas à l’aise avec une situation. Ces différents signaux vont être mis en place graduellement : si le récepteur ne change pas de comportement avec des signaux d’apaisement, l’émetteur (le cheval) va mettre en place des signaux d’augmentation de distance. Si la situation dans laquelle il se trouve ne change toujours pas, il va passer aux signaux de menace. Etc.

Vous trouverez ci-dessous par ordre d’intensité quelques uns de ces signaux :

  • Tourner la tête ou l’encolure
  • Bâiller à plusieurs reprises
  • Rides oculaires
  • Cligner des yeux plus que d’habitude
  • Tourner le flanc
  • Oreilles en arrière
  • Narines et commissures ridées
  • Posture de la tête surélevée
  • Taper du pied
  • Fouaillement de queue
  • Se précipiter vers l’avant
  • Frapper l’air avec un postérieur
  • Ruer sans donner de coups de sabot

Dans un groupe social, la réponse normale à l’un des signaux d’alerte précoce est de s’éloigner. Ne pas le faire entraînera une escalade vers des signaux plus évidents, passant de comportements presque indiscernables à des menaces plus marquées. Au sein de la relation humain – cheval, la sécurité de la personne se trouvant à côté du cheval peut se retrouver engagée. Si nous sommes formés à reconnaître les signaux d’apaisement, nous pouvons éviter une escalade dangereuse.

Les chevaux apprennent en continu. Un cheval qui communique via des signaux indiscernables à plusieurs reprises et qui n’obtient un changement de comportement de la part du récepteur uniquement lorsqu’il passe à des menaces, se verra aller à l’agression directement dans un futur proche.

Etat de mal-être = agression ?

L’agressivité, comme nous l’avons vu à travers les paragraphes précédents, n’est pas forcément liée à un problème d’éducation. Un cheval en état de mal-être ou étant en souffrance physique peut montrer des comportements jugés agressifs.

Des études scientifiques ont montré qu’il existait un lien significatif entre ces indicateurs comportementaux (agression ou dépression) avec des indicateurs liés à la santé : présence de lésions, engorgement, gène respiratoire… (Popescu and Diugan, 2013).

De plus, d’après l’étude menée par Henry et al. en 2017, les chevaux agressifs envers les humains vont percevoir leur environnement par un biais de jugement pessimiste et montrer des signes de mal-être.

Plus récemment encore, Léa Lansade et son équipe ont travaillé sur le transcriptome des cellules sanguines. Ils ont observé que l’agression était liée au mal-être et que cet état avait de lourdes conséquences allant jusqu’à la modification de certains de leurs gènes : ceux liés dans la réponse immunitaire, au stress et à la mort cellulaire programmée.

Finalement, que devez-vous retenir ?

L’agressivité a de multiples origines : éducation (pour les comportements agressifs renforcés sans le vouloir), communication (pour une mauvaise pris en charge des premiers signaux liés à l’inconfort vis-à-vis d’une situation), souffrance physique. Afin de maximiser le bien-être du cheval et notre sécurité à ses côtés, il est primordial de l’observer, de connaître l’origine des signaux, et de répondre rapidement à une situation jugée inconfortable. De la même façon, avant de vouloir résoudre un problème que nous pensons venir du domaine de l’éducation, il est important de vérifier l’état de santé physique du cheval et de mettre en place un maximum d’actions pour que ses besoins fondamentaux soient assouvis.

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