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Votre cheval joue ou exprime-t-il un mal-être ?

Souhaitez-vous comprendre les signaux subtils que votre cheval vous envoie ?

On observe régulièrement chez les jeunes chevaux, qu’ils soient sauvages ou domestiques, des moments de jeu. A l’état naturel, les chevaux ont tendance à arrêter de jouer une fois qu’ils atteignent la maturité. Cependant, chez les chevaux domestiques, ce comportement se poursuit souvent à l’âge adulte. La plupart des éthologues définissent le jeu comme étant un comportement sans fonction immédiate, bien que tous ne soient pas d’accord. Il n’y a pas d’avantages immédiats clairs pour le jeu, mais les avantages proposés incluent la « répétition » des comportements naturels.

Alors, comment peut-on expliquer ce phénomène ? Et peut-on utiliser l’adjectif « joueur » comme un indicateur valide de « bien-être » ? Ce sont les questions que se sont posées Martine Hausberger et ses collègues. Au cours de leur étude, ils ont observé le comportement de 29 chevaux adultes dans leurs pâturages afin de tester l’hypothèse selon laquelle le jeu adulte pourrait refléter un stress chronique chez les chevaux.

76% des chevaux observés ont joué socialement au moins une fois au cours de l’étude. Les résultats ont également montré que :

  • Les hongres étaient significativement plus susceptibles de jouer que les juments ;
  • Les chevaux évalués comme ayant des niveaux de stress plus élevés étaient plus susceptibles de jouer ;
  • Les chevaux « joueurs » étaient plus susceptibles d’avoir des problèmes de dos/vertébraux, d’être moins réactifs aux stimuli environnementaux et passaient plus de temps orientés vers le mur (apathie) ;
  • La plupart des chevaux qui jouaient (73%) ont immédiatement agi de manière agressive envers les chercheurs. La proportion de « joueurs » qui ont réagi de manière agressive envers les chercheurs était significativement plus élevée que la proportion de non-joueurs. 

On croit le plus souvent que le jeu reflète un bon bien-être, bien que cette étude remette cela en question. Une fréquence élevée de jeu semble être donc corrélée à un stress chronique plus élevé et à une agressivité envers les humains. Effectivement, le jeu est plus fréquent dans les environnements domestiques et notamment ennuyeux que dans les environnements sauvages ou féraux.

Ainsi, plusieurs facteurs peuvent augmenter la fréquence de jeu d’un cheval adulte (et donc un état de stress / mal-être) : 

  • Le stress dû à l’isolement social, la restriction alimentaire ou autres peut augmenter cette fréquence de jeu. Le cheval se servira du jeu comme un moyen pour soulager son stress ;
  • L’ennui (exemple : un cheval joueur au box peut montrer des signes de « dépression ». Il peut notamment éviter le contact visuel avec son environnement en étant face à un mur et ne réagissent pas ou peu aux stimulations tactiles) ;
  • Des douleurs, comme des douleurs vertébrales, peuvent augmenter l’agressivité d’un cheval.

Il serait aussi intéressant de remettre cette étude dans le contexte de nos relations en travail à pied avec les chevaux : est-il sain d’attendre d’eux un « jeu » lorsqu’ils sont à nos côtés ? Quand ils « jouent » avec nous, est-ce une forme de communication pour nous indiquer que quelque chose ne va pas ?

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